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N’DJAMENA TAPISSEE D’AFFICHES POUR LUTTER CONTRE LA COVID-19.

par Martina Palazzo

En un jour, la capitale du Tchad se couvre de 8 000 affiches sur les mesures de protection contre la covid-19. Rendez-vous samedi 27 juin 2020 pour les 280 volontaires membres des associations des Guides et des Scouts (AGT et AST) qui sont prêts à sillonner les rues et les quartiers des 10 arrondissements de la ville.
Au visage un masque, ils se retrouvent à 8h dans les points de rassemblement pour un briefing. Au chant « Joie, joie, les Guides et les Scouts sont là. Je tape les mains, je claque les doigts, je tourne par là et je danse un peu », ils attendent la colle et les affiches pour se lancer dans l’aventure du jour : tapisser N’Djamena des messages de sensibilisation pour arrêter l’avancée du coronavirus. A plus de trois mois du premier cas positif au Tchad, baisser la garde en ce moment pourrait faire remonter la courbe de contaminés.

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A la mairie du 1e arrondissement, dans le quartier de Farcha, les Guides se préparent pour la longue journée en chantant et dansant. ©UNICEF CHAD/2020/Palazzo

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Deux Scouts et cinq Guides sur l’Avenue Mobutu avec affiches, colle et gants à la main.  ©UNICEF CHAD/2020/Palazzo
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Tous les endroits stratégiques ont été couverts, tant sur les axes principaux qu’à l’intérieur des quartiers.  ©UNICEF CHAD/2020/Palazzo

« Les gens pensent que la maladie est partie, car dernièrement selon les chiffres officiels moins de cas sont enregistrés. Moi, je sais que le virus est là. Un ami de ma grande-sœur est décédé suite à cela », déclare Eveline Bourass, 26 ans. « Si je suis là aujourd’hui, c’est parce que je souhaite que les gens prennent connaissance des gestes barrière et se protègent. C’est la seule chose que nous pouvons faire pour gagner contre ce virus. »

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Eveline, 26 ans, est persuadée que son engagement d’aujourd’hui peut aider la population de N’Djamena à vaincre le coronavirus. ©UNICEF CHAD/2020/Palazzo

Le risque de contamination ne disparaît pas tant que la covid-19 continue à circuler parmi une population méconnaissant son existence, les risques et les mesures préventives. Distanciation physique, lavage fréquent des mains à l’eau et au savon ou avec du gel hydroalcoolique, et porte du masque sont les trois règles d’or pour monter sur le podium du citoyen responsable et vertueux. S’informer et éviter la propagation des fausses informations doivent entrer dans la routine quotidienne.

« Au mégaphone, je crie fort qu’il faut respecter ces mesures préventives. En tant que scout, j’ai un devoir envers mon pays. Je veux et je dois aider les tchadiens et les tchadiennes pour que nous ne soyons pas victimes de cette maladie meurtrière », nous dit Ndilnodji Marius, bientôt 18 ans. « A l’occasion de cette sensibilisation, mes confrères et moi du groupe musical Boys Baden avons créé une chanson en deux langues, français et anglais, et quatre dialectes, arabe tchadien, moundang, mesmai et ngambaye. A travers la musique le peuple tchadien écoute et plus facilement intègrent les gestes barrières dans leur quotidien. »

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Marius crie au mégaphone pour que la population écoute les gestes barrière pour se protéger contre le coronavirus.  ©UNICEF CHAD/2020/Palazzo

N’Djamena reste toujours la ville la plus touchée par la covid-19 au Tchad. Les chiffres sont clairs là-dessus : 761 cas positifs sur un total de 865 selon le dernier communiqué (N. 72) du Ministère de la Santé Publique. C’est le moment d’agir pour revenir au plus vite à la normalité. Pour cela l’UNICEF Tchad a coordonné cette activité d’affichage et de sensibilisation massive en étroite collaboration avec les AST et AGT, et l’appui financier d’ECHO-Aide humanitaire et protection civile de l’Union européenne.

Ensemble pour une ville covid-19 free !

LES PREMIERES FEMMES COUTURIERES DE MANI

par Martina Palazzo

Mani est un village à proximité du Lac Tchad à quelques kilomètres de la frontière avec le Cameroun, dans lequel résonne l’écho des violences armées. Une scène, peu habituelle pour les habitants de ce village, attire l’attention. Aissata et Klemaram, en blouse blanche, avec un ruban à mesurer autour du cou, se retrouvent à la porte de l’atelier Amadif dans le quartier Mussogome, prêtes à débuter une nouvelle journée de travail.

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Aissata et Klemaram se retrouvent devant l’atelier au petit matin. ©UNICEF CHAD/ 2019/ Palazzo

Les deux jeunes femmes font partie des premières couturières du village. « Cela fait quelque mois, auparavant, il n’y avait que des ateliers gérés par des hommes, majoritairement pour les hommes. Nous les femmes, nous avions des difficultés à nous procurer des vêtements, car selon la culture locale, les hommes ne peuvent pas prendre les mesures sur un corps féminin », nous témoigne Klemaram.

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Klemaram, 26 ans, prend les mesures d’une cliente à son atelier. ©UNICEF CHAD/ 2019/ Palazzo

Aujourd’hui à Mani il y a 5 nouveaux ateliers, tous dirigés par des femmes. Elles se partagent l’espace et l’emploi du temps : rassemblées en groupe de 4 ou 5 les couturières s’alternent d’une semaine à l’autre, toujours en respectant les règles établies. Ces femmes, 45 au total, ont pu devenir couturières grâce à une formation professionnelle de 3 mois. Financé par le Fond pour la consolidation de la Paix (PBF) et appuyé par l’UNICEF et le PNUD, le cycle d’apprentissage s’est déroulé sous le mentoring d’un artisan local. Ce dernier continue de soutenir ces femmes, grâce à des conseils, recommandations et astuces pour transformer un tissu en vêtements tout à fait convenables.

Les revenus hebdomadaires sont d’environ 15-20 $ par groupement, même si ces montants restent modestes pour l’instant, ils assurent l’achat de la matière première et la réparation des machines en panne. L’objectif est d’investir pour toucher les villages aux alentours, même au-delà de la frontière. « J’ai beaucoup de contacts a Chowé* grâce à mon travail précèdent. Ils peuvent m’aider à vendre nos habits à nos sœurs camerounaises » déclare Aissata. Avant de s’approcher d’une machine à coudre, elle était commerçante et vendeuse de poissons. Cela ne la satisfaisait pas et devait souvent être loin du foyer familial. « Maintenant, j’ai beaucoup plus de temps pour moi et ma famille. Je vends encore du poisson, mais plus rarement, lorsque j’ai besoin d’argent. »

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Aissata, 20 ans, est en train de coudre. Elle veut continuer à se professionnaliser et toucher de plus en plus de clientes à Mani et dans les villages aux alentours. ©UNICEF CHAD/ 2019/ Palazzo

Avec pour objectif d’autonomiser les femmes et les jeunes par l’apprentissage d’un métier, le projet invite aussi les communautés à participer à des dialogues transfrontaliers, tout en promouvant des valeurs de tolérance et une cohabitation intra et inter-communautaire à travers des causeries. Aujourd’hui, les couturières de Mani se rencontrent pendant les jours de cotisation, les fêtes, les jours du marché, et échangent sur la cohabitation pacifique.

Les nouvelles couturières de Mani, en plus d’avoir une profession, ont désormais une nouvelle vision du vivre ensemble.

*Chowé est un village frontalier au Cameroun

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Le projet PBF transfrontalier Tchad-Cameroun a principalement visé à renforcer les mécanismes transfrontaliers, inter et intracommunautaires pour l’atténuation des conflits et de l’extrémisme violent, ainsi que de renforcer les capacités et les opportunités des populations vulnérables afin d’instaurer un climat de cohésion sociale, paix et stabilité dans les zones frontalières entre les deux pays. D’une durée de 22 mois, le projet a bénéficié des synergies entre quatre agences des Nations Unies (UNICEF Tchad et Cameroun, PNUD Tchad et Cameroun) pour optimiser l’impact sur les populations locales, tout en promouvant la coexistence et la résolution pacifique des conflits.

QU’EST-CE QUE LA PAIX QUAND LA VIOLENCE FRAPPE A LA PORTE ?

par Martina Palazzo

Dix ans après le début de la violence armée, le bassin du Lac Tchad reste un endroit d’abus et de violations des droits. La faim et la malnutrition demeurent omniprésents et environ 2.5 millions de personnes se déplacent à la recherche d’un endroit où ils pourront vivre en paix (OCHA/Juin 2019). Cette situation incite les jeunes, désespérés par le manque d’opportunités socio-économiques, à se laisser emporter par l’appel de la violence, rejoindre les mouvements extrémistes et perdre toutes perspectives futures.

Les jeunes d’Hadjer-Lamis, province voisine du Lac et frontalière avec le Cameroun, ne baissent pas les bras. Ils sont la preuve que la motivation, l’enthousiasme juvénile et la conscience civique sont plus forts que toutes armes. Dans cette province, 300 jeunes, dont 150 femmes, ont bénéficié d’un cycle de formation professionnelle, pendant trois mois, en couture, mécanique, culture maraichère, pêche et menuiserie. Ces jeunes ont également pu participer à de sessions de sensibilisation sur la cohabitation pacifique intra et intercommunautaire.

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Quatre jeunes de Mani en stage professionnel de menuiserie. ©UNICEF CHAD/2019/Palazzo

« J’ai participé à une formation en mécanique. J’ai compté les jours : 46 au total. Avant, je chômais au quartier et je passais mes journées à jouer au football, c’était seulement pendant la saison des pluies que je pouvais aller au champ », témoigne Ousmane, jeune de 20 ans habitant à Mani. « J’ai toujours voulu devenir mécanicien et finalement je réalise mon rêve. Aujourd’hui je peux déjà faire des réparations, ce qui me permet de trouver du savon*. »

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Ousmane, 20 ans, est un jeune de Mani. Il veut devenir un mécanicien. Il a participé à la formation en mécanique. ©UNICEF CHAD/2019/Palazzo

Ousmane est l’un des 14 jeunes de Mani qui ont participé à la formation en mécanique, grâce à l’appui financier du Fond pour la consolidation de la paix (PBF) et le soutien de l’UNICEF et le PNUD.

Pendant les formations, les jeunes ont été sensibilisés sur la cohabitation pacifique et la solidarité entre communautés, deux principes clés pour favoriser le développement local. Ils ont compris que la paix se construit, ce n’est pas un acquis ; c’est un engagement au quotidien et celui-ci nécessite des compromis. Ils en parlent en groupe, en famille, ils font désormais davantage preuve de tolérance et sont plus enclins d’être à l’écoute des autres. La paix est devenue un objectif commun, car « la paix est vivre ensemble et bien », nous dit Mahamat Atim, 18 ans. « Nous écoutons les informations à la radio pour ensuite en discuter ensemble, même avec nos frères de Chowé ». Chowé est un village situé au Cameroun, au-delà de la rivière qui sépare les deux pays, mais pas les communautés sœurs.

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Mahamat a 18 ans, il sait qu’il veut vivre en paix. ©UNICEF CHAD/2019/Palazzo

« Maintenant la population se sent en sécurité », dit Abichou, président du Comité de Vigilance de Mani. « Nous appuyons les forces de l’ordre pour sécuriser la ville pendant les rassemblements tels que les marchés, les mariages, les deuils. C’est pour nous un engagement citoyen qui contribue à diminuer la probabilité d’actes terroristes et assurer la paix à nos enfants ».

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Abichou, président du Comité de Vigilance de Mani, a une mission : assurer la sécurité de la population. ©UNICEF CHAD/2019/Palazzo

Abichou et ses collègues ont pour objectif d’instaurer un climat de sécurité et sérénité, un monde dans lequel prône les rencontres et le vivre ensemble, en dépit des menaces de violence.

La paix ne se construit pas du jour au lendemain, mais ensemble, nous pouvons y arriver.

*Expression locale qui signifie subvenir aux besoins de base

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Le projet PBF transfrontalier Tchad-Cameroun a principalement visé à renforcer les mécanismes transfrontaliers, inter et intracommunautaires pour l’atténuation des conflits et de l’extrémisme violent, ainsi que de renforcer les capacités et les opportunités des populations vulnérables afin d’instaurer un climat de cohésion sociale, paix et stabilité dans les zones frontalières entre les deux pays. D’une durée de 22 mois, le projet a bénéficié des synergies entre quatre agences des Nations Unies (UNICEF Tchad et Cameroun, PNUD Tchad et Cameroun) pour optimiser l’impact sur les populations locales, tout en promouvant la coexistence et la résolution pacifique des conflits.